Mon travail de l'image est connecté aux éléments. Le vocabulaire
que j' utilise est fait d'agencements d'éléments issus de la nature.
L’important
est cette idée de mouvement, de double parcours (cf Arbres de jours,
arbres de nuit). Le premier semble mental, induit par la construction
d’un paysage qui permet de passer de l’invisibilité de l’inconscient à
l'émergence d'une image. Le deuxième est latéral, lié aux déplacements
d'un même arbre vers des ancrages différents.
Le
point de vue est simple et frontal. Il donne à voir l'imbrication d'
éléments hybrides, une cohabitation d'éléments contraires ou simplement
différents.
Ces espaces chimériques nous ramènent à des mondes où l’unité d’espace et de temps est irréalité...
En
me les appropriant je rentre dans un processus d'identification. L’idée
d’habiter le paysage, d'être le paysage, de me laisser imprégner par
lui fait partie de mon approche.
Le paysage intérieur, le paysage fantasmé nait d’une réalité.
Les
arbres en sont les témoins. L’arbre qui revient sur chacune des huit
vidéos "Arbres de jour, arbres de nuit" est l'aboutissement de quelques
années de recherches sur le territoire. Il m’a fallu du temps pour
trouver "l'arbre". Cet arpentage long m' à permis d’évaluer le désir et
l’envie de produire ces films.
Mon travail sur les arbres
parle essentiellement d’ancrage, d'étirement du temps et ouvre une
possibilité pour le regardeur de rentrer dans un espace contemplatif
lié à une transformation, à un cheminement.
Pour la
réalisation des “Âmes Fleurs” les prises de vues ont tout de suite été
révélatrices du milieu. Les fleurs sont filmées à la lumière du jour .
Le contexte climatique y est révélé. Le vent et les nuages qui se
déplacent et voilent le soleil par intermittence, amènent à l’image
cette vibration lumineuse liée aux ciels changeants de Normandie. La
vibration de la fleur qui apparait par la magie de l’accélération de
l’image nous parle du milieu où elle a été filmée et cependant celle
ci en est isolée, abstraite, apparaissant dans un espace noir sans
gravité qui lui confère de l'étrangeté et aussi une émotion
particulière.
“ Chemin de ciel “ et “ chemin d’eau “
font partie d’une série où j’aborde le “paysage , être dans le paysage,
être le paysage “. Le chemin n’est pas réellement là pour nous
emporter, il vient à nous, semblant nous rapprocher d’un arrière-plan
qui lui reste fixe. Cette série relève essentiellement d'un déplacement
lent et silencieux , impliquant le mental.
La
mixité de mes médiums (l’animation de l’image fixe et l’utilisation de
l’image en mouvement) vient exprimer un état de transgression, celui de
dépasser l’immobilisme et de créer du vivant.
kl 2011